Il était l'une des figures incontournables du football genevois. Le journaliste Michel Bordier est décédé vendredi 22 novembre à l'âge de 67 ans. C'est son ami Jeannot Calcio qui a annoncé la triste nouvelle dans la Tribune de Genève, en ces termes: "Cet homme de cœur a fini par céder, affaibli par le chagrin (le décès de son épouse) et la maladie. Le rêveur libre que nous avons connu et apprécié durant de nombreuses décennies a fini par se replier sur lui-même, alors même qu’il apparaissait comme le prince de la convivialité."

Michel Bordier était un véritable passionné du football genevois. Il avait connu les grandes heures du quotidien La Suisse, dans l'ombre des géants qu'étaient Jean-Jacques Tillmann, Eric Walter ou Jacques Ducret. Mais pour lui, Frontenex valait bien Anfield Road, Paul Garbani n'avait rien à envier à José Mourinho et une affiche Collex-Versoix était le seul derby qui vaille. Avant l'invention du téléphone portable, il était connu pour passer ses coups de fil en tribune de presse, ratant parfois un but ou un carton jaune. En revanche, il était incollable sur la vie des clubs, le nouveau règlement de l'ACGF et les échos de buvette qu'il faisait vivre tant bien que mal dans les colonnes de journaux de moins en moins ouverts au sport local. Ses coups de sang étaient légendaires, ses brèves ("quelques lignes bien senties", comme il se plaisait à les définir) parfois incendiaires, mais il se montrait toujours bienveillant à l'égard des jeunes journalistes - dont parmi eux de nombreux Collésiens ou anciens Collésiens - qui chroniquaient comme lui le football genevois dans les journaux puis sur Proxifoot.

Bien au-delà de ses menus travers, tellement humains, Michel Bordier fut un personnage populaire. Sa silhouette immédiatement reconnaissable - lunettes aussi rondes que le tour de taille, le regard vif, le chapeau noir - manquera aux abords des terrains ou à la buvette. A sa famille et à ses proches va notre sympathie émue.